Depuis de longues semaines déjà une ombre planait sur le Sud-ouest. D’après les rumeurs persistantes, colportées ça et là par des paysans chassés de leurs terres ou des seigneurs privés de leur rares mais non moins valeureux combattants, celle-ci s’étendait chaque jour un peu plus, sans pitié ni empathie pour ceux et celles qu’elle laissait sans ressources. Il se disait que ses serviteurs, peu nombreux mais diaboliquement puissants, vivaient à l’abri des regards dans un lieu que l’on appelle Faux-Rhum…
Un soir, après avoir rangé sa faucille (rien à voir avec l’ami Staline) et astiqué pendant de longues heures les armures et glaives de ses braves soldats hirsutes, Le Clandestin prit une 1663 (toujours en avance) dans son frigo et s’installa devant la télé…
Pschitt !
Le Clandestin : « Ehhhh merde ! C’est à chaque fois pareil avec ces saloperies, faut toujours que ça en foute partout ! Une cotte de maille toute neuve en plus ! C’est la Jacqueline qui va être contente ! »
Sur ces douces paroles il se saisit de la télécommande et zappa jusqu’à tomber sur les nouvelles du soir, nouvelles qui une fois n’est pas coutume récapitulaient les exactions des Seigneurs de l’Ombre à l’encontre de la population du Sud Ouest.
Marie Truk-En-Lair : « Aujourd’hui encore il est question de massacre, de vols de scooters, d’assassinats d’enfants et même de viols de brebis, le tout encore et toujours perpétré par les vils Seigneurs de L’Ombre. L’escalade de la violence n’en finit plus…Où cela s’arrêtera donc ? »
Le Clandestin : « Mouarf…Toujours aussi réjouissantes ces infos régionales. M’enfin, comme à l’accoutumé je suis sûr que ces journalistes de mes deux en rajoutent…Ça fait vendre le sensationnel paraît-il. Tiens, Jacqueline doit aller voir sa tante tuberculeuse demain…Je vais en profiter pour aller rendre visite à ces Ombres…Histoire de les voir de mes propres yeux… »
À peine après avoir prononcé ces quelques mots notre brave paysan s’effondra sur le canapé. Il faut noter que, le frigo étant, comme chez tout paysan qui se respecte, contigu au canapé il suffisait de tendre le bras pour attraper les douces canettes.
Après une nuit de sommeil, plus ou moins agitée, Le Clandestin se lève, enfile son short en peau de chamois et sort prend l’air sur la terrasse. C’est alors qu’il découvre un spectacle désolant : les chars à bœufs sont renversés, les greniers et entrepôts vidés et le mur détruit pierre par pierre. Plus loin se trouvent ses chevaux de trait, égorgés, baignant dans leur propre sang. Leurs crinières ont même été tondues… « Sans doute un archaïque rite barbare. » se dit-il en son for intérieure. En faisant le tour de sa propriété pour constater l’ampleur des dégâts, Le Clandestin trouve une petite enveloppe, négligemment posée entre les oreilles d’une des défuntes bêtes. À l’intérieure de celle-ci (l’enveloppe hein, pas la bête), se trouve une jolie feuille de papier de soie sur laquelle sont inscrits ces quelques mots : « Mes bonhommes s’ennuyaient STOP Suis passé pour les occuper STOP Merci pour l’accueil STOP Suis reparti le coffre plein STOP Au plaisir STOP Farmer STOP »
Le Clandestin : « Boudiou ! Un collègue paysan qui m’en veut…Et ça à l’ère du libre-échange ! Si c’est pas malheureux ! Il me semble que ce cher visiteur milite au syndicat S.O, voilà une autre bonne raison de leur rendre visite. »
Et sur ces mots Le Clandestin hèle un de ses palefreniers passant à proximité, saute agilement sur ses épaules (essayez de faire courir un cheval sans tête…) et part en direction du royaume de l’Ombre. Après de longues heures de chevauchée, il arrive enfin en vue du lieu tant redouté. Il attache alors sa « monture » à un arbre proche (chat échaudé craint l’eau froide) et se met en marche vers son destin - toute ressemblance avec une alliance existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence - Arrivé devant le monumental pont-levis marquant l’entrée, il s’approche de l’interphone et sonne (l’Ombre est moderne).
Le Clandestin :« Salut à vous occupants des terres maudites. Je suis Le Clandestin, heureux membre magirunien et accessoirement diplomate à mes heures perdues. De nombreuses fables et légendes courent à votre propos dans le coin…Étant d’un naturel curieux je n’ai pu m’empêcher de venir les vérifier de mes propres yeux. Est-il possible d’entrée de manière à pouvoir discuter autour d’une petite mousse ? »
Et sur ces mots, attendant la réponse de l’Ombre, le Clandestin s’assied au pied d’un arbre lui offrant abri du soleil et reprend sa lecture…
Le Clandestin :« Chasseur Français, page 45 je crois. L’étourneau est un petit oiseau vivant dans le… »
P.S : est-il possible de supprimer le topic MAG I ? Celui-ci n’a aucune légitimité et m’écorche les yeux à chaque passage sur vos terres. Merci d’avance…